INSECURITE SOCIALE : IL EST IMPERATIF DE CHANGER DE MODELE ET DE PRIVILEGIER LE SERVICE PUBLIC
Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Comme il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Depuis des années, la –trop longue- saga de nos Politiques Publiques, à quelques nuances près, sont édifiées dans le même moule : le modèle « libéral », destructeur du Service Public, générateur d’exclusion sociale, de marginalisation, de communautarisation, d’individualisme. Un moule qui segmente notre société américanisée. Adieu notre République Française. L’oncle Sam est notre exemple. Pire : nous sommes ses sujets ! Ce modèle, est un fiasco sur un plan social et sécuritaire.
Le pays le plus riche du monde dont nous sommes les supplétifs est parmi les pays développés comptant la population pauvre la plus importante. La pauvreté américaine est multidimensionnelle, structurelle et comporte des inégalités raciales et géographiques majeures. Les Services Publics sont en jachère voire inexistants. L’Etat souverain « providence » est supplanté par l’Etat « suzerain » Impérialiste.
Pour ce qui concerne la lutte contre l’insécurité, dans ce domaine ultra libéral qui nous sert d’exemple, la multiplication des polices privées et territoriales, le tout carcéral, le système ultra répressif, allant même jusqu’à la sanction ultime – cette odieuse et barbare peine de mort- ont pour seuls résultats : la prolifération des armes et des milices d’auto défense, les tueries de masse ( Les Etats Unis sont la Nation qui compte le plus de fusillades de masse dans le monde), les gangs, la résurgence des identitaires et racistes de type « K.K.K » ( Ku Klux Klan) ou « U.C.P » ( United Constitutional Patriot), les émeutes à répétition comme à Los Angeles, l’augmentation exponentielle du taux d’homicides par arme à feu.
Ce n’est pas en se bornant à une réponse ethnique ayant pour but de mettre un terme à je ne sais quel « ensauvagement » ou quel « laxisme judiciaire », ce n’est pas en construisant des prisons à côté de chacun de nos clochers, ce n’est pas en plongeant des primo délinquants de treize ans dans l’univers carcéral que nous règlerons les problèmes d’insécurité et de violence dans notre société.
Les statistiques de la délinquance publiées par le Ministère de l’Intérieur en 2023 l’attestent : elles sont les pires de notre Histoire. Le modèle « illibéral » en matière de lutte contre l’insécurité est un échec ! Et pourtant, voilà le modèle que nos gouvernements copient. Voilà le modèle dont rêve les libéraux, en particulier l’ultra droite et ses « Shérifs » amateurs et ridicules, qui font tout pour séduire les forces de l’ordre alors qu’en réalité, ils aspirent à la disparition totale du Service Public. Les forces publiques de sécurité dans le modèle que ces politiciens démagogues adulent, sont d’une part, des machines à produire, jugées sur la dérive quantitative et non l’aspect qualitatif de leur travail. D’autre part, elles doivent avoir pour rôle principal de faire respecter par la violence illégitime l’Ordre économique dominant dont ils sont les suppôts.
La fracture sociale (Près de 10 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté), les entorses à la démocratie (Utilisation abusive de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, recul net ces dernières années des libertés publiques)[1], le mal être dans la police et la gendarmerie et l’absence d’une structure de contrôle indépendante comme le fut en son temps le Haut Conseil de Déontologie des Forces de l’Ordre et entreprises de sécurité, font que les mouvements sociaux vont s’amplifier et qu’une nouvelle fois, l’exercice pacifique et démocratique de la liberté de manifester risque d’être mis à mal.
Pour éviter à nouveau les dramatiques incidents traversés par notre pays au moment de récentes et importantes manifestations, comme le propose notre association dans ses 60 propositions soumises au débat public depuis Mai dernier [2], il est urgent de changer de doctrine de Maintien de l’Ordre. Une nouvelle doctrine mettant un terme à la « doctrine de guerre » actuelle et s’appuyant sur le renseignement, la stratégie de la désescalade, le respect des normes professionnelles internationales relatives à l’usage professionnel de la Force Publique et des armes.
Notre association « Police République et Citoyenneté » invite nos collègues à accomplir leur mission en toute impartialité, à faire part de discernement et à condamner sévèrement un ordre qui serait contraire à la déontologie et auxquels ils sont ou ont été soumis.
Jean Louis ARAJOL
Président Fondateur de l’Association Police République et Citoyenneté Ancien Secrétaire Général du Syndicat Général de la Police et de la Fédération Autonome des Syndicats de Police
[1] Constat développé par Anne-Sophie Simpere, chargée de plaidoyer pour Amnesty International, et Pierre Januel, ancien attaché parlementaire et fonctionnaire au Ministère de la Justice, dans leur ouvrage « Comment l’État s’attaque à nos libertés ».
[2] Livre « Insécurité Etat d’Urgence Manifeste pour une Police Républicaine » Jean Louis ARAJOL